Vendée Globe : les 40es rugissants/50es hurlants... c'est quoi ?
Situé aux 40e et 50e degrés de latitude Sud – ce qui leur vaut en partie leur nom –, cet immense couloir s’étend de l'Ouest de l'Afrique du Sud jusqu'à l'Est du Cap Horn.
Un point crucial pour les skippers !
Les 39 navigateurs encore en course suite à l'abandon de Maxime Sorel affrontent, d'ici quelques heures à quelques jours pour les derniers, les Quarantièmes rugissants et les Cinquantièmes hurlants. Termes utilisés pour décrire les vents d’ouest intenses qui soufflent dans l’hémisphère sud, ces zones sont attendues ! En effet, ces vents sont connus pour leur force et leur constance, ce qui en fait un phénomène météorologique absolument crucial dans les mers du Sud.
Cette région du globe comporte moins de masses de terre pouvant casser la mer et ralentir les vents. Ils sont donc particulièrement violents et permettent des vitesses folles. Selon un dicton marin, « Sous 40 degrés, il n’y a plus de loi, mais sous 50 degrés il n’y a plus Dieu. » Encore un point important pour les skippers du Vendée Globe, qui filent déjà très rapidement vers le Cap de Bonne-Espérance en battant record après record.
Des températures glaciales...
Derrière le mythe des Quarantièmes rugissants et des Cinquantièmes hurlants, il y a une réalité scientifique.
Comme l’explique Chloé Nabédian (video ci-dessous), revenant sur la succession de tempêtes dans cette zone où les températures glaciales sont comprises entre -30 et -60 degrés toute l'année.
...et une navigation unique !
Malgré les difficultés, naviguer dans les 40es rugissants et les 50es hurlants peut s’avérer une expérience passionnante et gratifiante. Les vents forts et les grosses vagues offrent aux marins des conditions de navigation uniques, et le sentiment d’accomplissement que procure une navigation réussie sur ces mers est inégalé.
Des abandons à venir ?
Ces latitudes de navigation sont aussi à l'origine d'abandons qui ont nourri l'histoire du Vendée Globe.
Ce fut le cas pour Kevin Escoffier lors de l’édition de 2020. Le skipper français a vu son bateau se plier en deux après une voie d’eau importante.
Avant lui, les 40e rugissants avaient eu raison d'un autre skippeur dans les années 1990 : Raphaël Dinelli, navigateur français.
Après un épisode venteux très dangereux, le bateau du marin s'était retourné et coulait petit à petit, obligeant Raphaël Dinelli à sortir et à se tenir debout sur la coque, au milieu des vagues.
In extremis, des sauveteurs australien en avion avaient pu lui envoyer un radeau de sauvetage, dans lequel le skipper survivra pendant près de 2 jours, dans un état critique d'hypothermie, assoiffé et affamé.
Pendant ce temps, son collègue Pete Goss affrontait lui-même la tempête pour lui venir en aide. En 1997, le rescapé raconte cette folle aventure et ce sauvetage miraculeux dans un livre, "Sauvetage d'au-delà des 40es rugissants".
400 ans de navigation et toujours aussi fascinants
Ces 40es rugissants auraient été découverts à l’époque moderne, au XVIIe siècle. En 1610, le navigateur néerlandais Hendrik Brouwer à chercher un moyen de se rendre à Batavia, le siège de la Compagnie des Indes orientales (aujourd’hui Djakarta, en Indonésie), sans prendre la route traditionnelle empruntée par les navigateurs portugais. Ce dernier a réussi à traverser l’océan Indien à une vitesse inédite pour l’époque depuis l’Afrique du Sud.