Vendée Globe : comment les skippers vivent-ils à bord de leur bateau ?
La vie à bord d’un bateau pendant le Vendée Globe est bien loin d'être idyllique. Si les skippers préfèrent souvent retenir le positif au moment de retrouver la terre ferme, chaque journée jusqu'à l'arrivée est une lutte intense contre les éléments. Pour réduire les risques, il est nécessaire de prendre en compte plusieurs facteurs, comme la position sur le globe ou bien encore la gestion de la fatigue, qui s'avère être omniprésente.
Des journées très différentes
Une journée « type » peut varier considérablement en fonction de la position du skipper sur le globe. En effet, le climat change, et avec lui les conditions de navigation. Lorsqu’un skipper traverse l’équateur, il peut se retrouver confronté à une zone de calme où les vents disparaissent, nécessitant une vigilance accrue pour éviter d’être pris dans la pétole. En revanche, dans les océans australs, les conditions deviennent beaucoup plus extrêmes, avec des vagues gigantesques et des vents violents, ce qui implique une gestion quasi constante des différents paramètres de navigation.
L'ennemi numéro 1 des skippers
La fatigue est l’un des plus grands ennemis des skippers. Un jour type sur le Vendée Globe implique une gestion minutieuse du sommeil, car une nuit complète de repos est un luxe que peu de marins peuvent se permettre. Contrairement à notre sommeil qui dure en général plusieurs heures, les skippers adoptent une stratégie connue sous le nom de sommeil polyphasique, une méthode fragmentée qui maximise les périodes de récupération courtes mais fréquentes. Ainsi, chaque cycle peut durer entre 20 et 40 minutes en fonction des conditions de navigation.
Des innovations technologiques importantes
En cas de problème inattendu, les skippers peuvent compter sur leurs alarmes et autres systèmes d’alerte embarqués. Reliés aux capteurs du bateau, ils préviennent automatiquement les skippers en cas de changement brusque de vent ou de proximité avec un obstacle. Grâce à ces dispositifs, ils peuvent alors s'endormir en toute sécurité, sachant qu’ils seront réveillés en cas de besoin. Malgré ces innovations technologiques, la vie à bord reste stressante. En effet, les navigateurs du Vendée Globe restent attentifs au moindre bruit. Une attention constante qui pèse forcément sur les organismes.
Une alimentation complexe
Pour se remonter le moral, les skippers ne peuvent pas compter sur un bon repas chaud fait maison. La nourriture doit être légère, compacte, et surtout facile à préparer dans un espace restreint. Les skippers privilégient donc des repas déshydratés ou lyophilisés, qui sont légers et se conservent sans réfrigération, tout en offrant une nutrition suffisante. Ces repas sont souvent réhydratés avec de l’eau chaude potable générée par des dessalinisateurs à bord.
Outre les repas principaux, les skippers emportent aussi des encas comme des barres énergétiques, des fruits secs, des noix, des biscuits et des chocolats pour maintenir leur niveau d’énergie tout au long de la course. Retrouvez d'ailleurs tous les détails dans notre article sur l'alimentation des skippers pendant le Vendée Globe.
Pas de toilettes à bord
Autre inconvénient de la vie à bord : il n’y a pas de toilettes sur les bateaux du Vendée Globe. Les navigateurs doivent donc utiliser des seaux la plupart du temps qu’ils vident ensuite dans la mer. Mais ils ne peuvent rien jeter d’autre dans l'eau afin d'éviter toute pollution superflue. A l’arrivée, leurs déchets sont d'ailleurs contrôlés pour vérifier qu’ils n’ont pas jeté des poubelles par-dessus bord.
Un retour sur la terre ferme difficile
Après de longues semaines seuls sur leur bateau, les skippers peuvent renouer avec leur vie d'avant. Un retour à la normale qui prend souvent plusieurs mois, comme le rappelait Jérémie Beyou lors de son arrivée aux Sables-d'Olonne. « Les premières heures sont géniales, tout se passe bien, ce sont les retrouvailles, la première douche, la première nuit, et puis après il y a toute la fatigue qui te tombe dessus ! » De son côté, Charlie Dalin s'attend même à avoir besoin de plusieurs mois pour récupérer complètement. « J'ai mis huit mois à récupérer la dernière fois même si j'espère que ce sera un peu moins long cette fois-ci », confiait le grand vainqueur de cette 10e édition juste après avoir mis le pied à terre.