Le début de l'exposition sur l'île de Noirmoutier à l'Historial de la Vendée
Une culture vivante
Publiée le 18 Mars 2025
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Exposition : l'île de Noirmoutier mise à l'honneur à l'Historial de la Vendée

L'Historial de la Vendée consacre une exposition temporaire sur les peintres qui ont rendu l'île de Noirmoutier célèbre grâce à leurs pinceaux.

Le début de l'exposition sur l'île de Noirmoutier à l'Historial de la Vendée

Entre 1850 à 1950, l’île de Noirmoutier a inspiré de nombreux peintres.


Guillaume Jean, président de la commission Culture, patrimoine et relations internationales du Département de la Vendée, et Clotilde Géry, chef de projets d'expositions à l'Historial de la Vendée, nous brossent le portrait de cette exposition.

L'île de Noirmoutier est un des lieux les plus appréciés par les touristes qui viennent en Vendée, pourtant son passé est encore méconnu du grand public ?

Guillaume Jean : Quand on parle de la Vendée, notamment pour ceux qui viennent d'un peu loin, on pense souvent à son littoral et en particulier à l'île de Noirmoutier.

Et je trouve intéressant de pouvoir illustrer les racines et les origines du tourisme balnéaire. Cette période, comprise entre 1850 et 1950, sur laquelle repose cette exposition, permet d'illustrer la découverte de l'île à l'époque avec son jeu de lumières, puisqu'il fallait partir de Pornic pour arriver au Bois de la Chaise. On se rend aussi compte que les peintres ont été les premiers influenceurs de l'île. La diffusion de ces œuvres dans des musées, ou chez des particuliers, a fait connaître l'île de Noirmoutier et a suscité un engouement assez incroyable qui a engendré un tourisme plus important.

Il y avait une véritable volonté de montrer la beauté naturelle des paysages noirmoutrins finalement ?

Guillaume Jean : Au tout début, les peintres se sont attachés à décrire ces personnes qui venaient prendre des bains de mer sur l'île. Et puis un peu plus tard, ils ont décrit les paysages et les communes de Noirmoutier, avec des styles picturaux différents, comme pour le château de Noirmoutier-en-l'Île. Et puis finalement, les Noirmoutrins eux-mêmes, à la ville mais aussi au champ. Les visiteurs pourront découvrir tout cela jusqu'à la fin du mois de mai.



Qu'est-ce qui explique que l'île de Noirmoutier est devenue une source d'inspiration pour tous ces peintres ?

Guillaume Jean : C'est vrai qu'il y avait vraiment une forme de fascination pour l'île de Noirmoutier. La fascination de la découverte, puisque c'est une île qui n'était pas très connue à l'époque, mais aussi une certaine fascination pour sa lumière et ses points de vue. C'est toujours intéressant de voir que plusieurs peintres, à des années d'écart, ont choisi exactement la même perspective pour exprimer l'intérêt et l'émotion que suscitait l'île de Noirmoutier pour eux. Et on voit que les points d'intérêt ont évolué avec le temps.

Les visiteurs peuvent déambuler et suivre cette évolution d'ailleurs ?

Guillaume Jean : Le parcours permet de découvrir l'île à travers les différents courants artistiques de l'époque grâce à l'émotion qu'a suscitée l'île de Noirmoutier chez ces peintres. Les visiteurs voyagent à travers les différentes époques et tout autour de l'île, du Bois de la Chaise jusqu'à Barbâtre. L'île de Noirmoutier de l'époque, qui a subjugué les peintres quand ils arrivaient sur l'estacade, n'est plus celle qu'on connaît aujourd'hui. C'est une île qui était relativement rurale, assez intime.

Un petit mot pour les Vendéens qui seraient tentés par cette exposition ?

Guillaume Jean : Il faut venir. Profitez-en jusqu'en mai. Entre les vacances et le printemps qui commence, c'est une très bonne occasion de venir à l'Historial de la Vendée pour découvrir cette belle exposition


Cette exposition permet de montrer un aspect peu connu de l'île de Noirmoutier, un des lieux les plus emblématiques de la Vendée, qui a inspiré de nombreux artistes peintres ?

Clotilde Géry : Tout à fait, c'est vraiment la richesse de Noirmoutier. Cette île a inspiré de grands noms de la peinture de l'époque. On peut compter parmi eux Auguste Renoir, Claude Monet, André Derain et Maurice Denis.

Elle a été une véritable source d'inspiration pour de nombreux artistes qui avaient une sensibilité bien particulière, à l'intérieur de courants artistiques spécifiques. Je pense que c'est quelque chose dont il faut être fier.

Pourquoi cette période comprise entre 1850 et 1950 ?

Clotilde Géry : Tout simplement parce qu'en 1850, c'est le début du tourisme balnéaire à Noirmoutier. Et on ne peut pas comprendre la peinture à Noirmoutier sans comprendre le tourisme balnéaire puisque les peintres venaient à Noirmoutier en tant qu'estivants.

On s'arrête ensuite en 1950, une année qui marque le renouveau du tourisme d'après-guerre, avec le tourisme de masse des années 1960-70 qui a modifié beaucoup plus profondément les paysages de l'île. Et les peintres étaient friants de ces paysages encore extrêmement sauvages, qui n'étaient pas encore aménagés par l'Homme. Au Bois de la Chaise, la côte sauvage était particulièrement prisée par exemple.

Les peintres de cette époque ont été les premiers ambassadeurs de l'île sur le continent finalement ?

Clotilde Géry : Exactement, avant 1850, on n'a pas ou peu d'artistes qui se font les ambassadeurs de cette beauté si particulière de l'île. Ce sont les premiers pionniers, de Florimond Palvadeau à Gustave Godard en passant par Tancrède Abraham, qui invitent leurs amis à des parties de peinture, qui leur écrivent en leur décrivant leur enthousiasme face à la beauté des paysages, leur engouement devant la lumière et les couleurs que peut offrir l'île de Noirmoutier.



C'était donc du bouche-à-oreille ou y avait-il d'autres manières de faire connaître les paysages noirmoutrins ?

Clotilde Géry : Les salons de peinture étaient aussi une occasion de faire la promotion de ces paysages. Durant la seconde moitié du XIXe siècle, certains artistes découvraient les paysages de Noirmoutier grâce à une œuvre qui était accrochée sur le mur d'un salon parisien ou nantais, ce qui les poussait à aller découvrir de leurs propres yeux ces paysages qui avaient l'air enchanteurs et qui paraissent encore inexplorés.

Comment avez-vous imaginé ce parcours ? C'est un voyage à travers l'île mais aussi à travers les époques ?

Clotilde Géry : Ce parcours, je l'ai d'abord imaginé effectivement à travers le temps. J'ai bien vu dans mes recherches qu'il y avait trois moments importants qui ont marqué l'histoire de la peinture à Noirmoutier. Et l'un des écueils que j'ai voulu éviter, c'est de faire une exposition qui soit vraiment hors territoire, où on ne sente pas le paysage noirmoutrin dans le parcours. C'est d'ailleurs pour cette raison que j'ai vraiment imaginé la deuxième partie comme une promenade à travers les différents paysages du Bois de la Chaise. Et enfin, la troisième partie est consacrée aux paysages de l'île dans sa globalité.

Ainsi que les courants artistiques qui sont représentés tout au long du parcours ?

Clotilde Géry : Exactement, cette organisation par paysage, c'était aussi l'occasion de montrer qu'une même scène, un même panorama, pouvait être retranscrit par des peintre aux influences diverses, avec un résultat totalement différent en fonction du courant artistique du peintre, que ce soit fauvisme au modernisme dans les années 1930, en passant par le romantisme dans les années 1870. C'est aussi pour cette raison qu'on a créé des vidéos du territoire noirmoutrin, et qui sont visibles durant le parcours comme si c'était une caméra subjective, pour faire un pont entre ce que les visiteurs vont voir et ce que voyait un peintre du XIXe ou du XXe en arrivant à Noirmoutier.

C'est une exposition qui d'adresse aux personnes qui connaissent très bien Noirmoutier ?

Clotilde Géry : Il y a quelque chose qui est assez unique dans cette exposition, c'est qu'on se replonge en 1850. On redécouvre l'île de Noirmoutier comme elle était à ce moment-là, beaucoup plus sauvage, beaucoup plus rural. Il y a un aspect historique pour mieux comprendre l'évolution des paysages de l'île. Si on peut permettre à des Noirmoutrins d'en savoir plus sur l'histoire de leur île, le challenge sera réussi.

C'est un travail de transmission et de mémoire en fait ?

Clotilde Géry : C'est vrai, il y avait une absence de publication sur le sujet. Le catalogue de l'exposition est d'ailleurs la première publication sur la thématique de la peinture à Noirmoutier. C'était un ouvrage inédit qui permet de faire la synthèse des recherches sur ce sujet.

Les retours sont unanimes ?

Clotilde Géry : La plupart des visiteurs sont assez surpris de faire une promenade à Noirmoutier, ici à l'Historial, avec un voyage dans le temps compris entre 1850 et 1950. C'est quelque chose qui nous tenait à cœur d'avoir des courants artistiques qui soient différents pour que chacun y trouve son compte.

Sans oublier le peinturarium, qui est une très belle réussite alors que c'était vraiment le grand parti pris de cette exposition. Cette pause contemplative permet aux visiteurs d'avoir un autre regard sur les œuvres qui sont projetées à l'intérieur de cet espace dédié.



Cette exposition s'adresse à toute la famille ?

Clotilde Géry : C'est vraiment une exposition intergénérationnelle. On a créé tout un parcours pour les familles pour permettre aux parents, aux grands-parents et aux enfants de s'interroger, s'amuser ou juste contempler les œuvres en famille. Montrer que l'art appartient à tout le monde, puisqu'on peut être touché d'une manière très personnelle, c'est vraiment quelque chose qui nous tenait à cœur.

Combien d'œuvres sont exposées à l'Historial de la Vendée ?

Clotilde Géry : En tout, il y a 110 œuvres qui ont été collectées auprès de 21 prêteurs différents. C'est aussi grâce à eux qu'on a pu réaliser cette exposition. C'est important de le souligner.

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